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Nada

MOGHAIZEL-NASR

 
 
 
 
 

 

Il rappellera plus tard

 

On demandait sa mère au téléphone. Il répondit qu’elle n’était pas là, qu’elle était en train de lire.

Bien sûr qu’elle n’était pas là et que personne ne pouvait la joindre. Elle-même avait embarqué sans connaitre la destination.

L’interlocuteur raccrocha. Il attendra son retour. Il rappellera plus tard.

 

Extrait de D’autres images écrites, Dar An Nahar, Beyrouth, 5e édition, 2018.

 

 

Les mamans empêchent de dormir

 

Les berceuses empêchent les enfants de dormir. Elles sont si douces, si tristes. Elles parlent sans le savoir de la mort des mamans. De quand on n'entendra plus leur voix. Elles sont si belles qu’elles éveillent des peurs que l’on passe sa vie à taire. La peur de quand les mères ne seront plus là. Les enfants ne peuvent imaginer cela. Ils n’ont jamais vécu dans un monde sans elles. Les mamans ne savent pas qu’elles parlent de leur mort quand elles chantent.

D’autres soirs, elles décident de raconter une histoire, pensant que l’enfant s’endormirait au moment où les héros vivent heureux et ont beaucoup d’enfants. Mais c’est justement là que commence l’histoire, quand le prince épouse Cendrillon, que le Petit Poucet rentre chez lui, que le Chaperon rouge retrouve ses parents et que les trois petits cochons habitent ensemble une maison en pierre. C’est là le début des histoires, quand meurent les loups et que commence l’aventure du quotidien. Qui a dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire ?

Les mamans sortent de la chambre, sur la pointe des pieds, après avoir chanté la berceuse ou raconté l’histoire, après avoir réveillé l’enfant.

 

Extrait de D’autres images écrites, Dar An Nahar, Beyrouth, 5e édition, 2018.

 

 

Les portes ne grincent pas

 

Le bruit était insupportable. Ces portes qui n’arrêtaient pas de grincer. Ça l’empêchait de lire, la rendait nerveuse. Elle accourut irritée vers la cuisine, demanda à son fils la raison de ce bruit infernal, pourquoi les portes grinçaient-elles ainsi. Il répondit, étonné, que les portes ne grinçaient pas, il faisait parler entre eux les battants de l’armoire, c’est tout. La conversation avait un peu duré, il n’y avait pas lieu de s’énerver.

Les portes ne grincent pas, tous les enfants le savent.

 

Extrait de D’autres images écrites, Dar An Nahar, Beyrouth, 5e édition, 2018.

 

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