Lorna Crozier

Lorna

  CROZIER

 

https://lornacrozier.ca/

https://canpoetry.library.utoronto.ca/crozier/poem6.htm

 

Le concept Récit-page s'exporte

Des One-page stories de Lorna Crozier

__________

 

 God of Acceptance

 

The landscape painter at the artist colony in the country noted for its messianic light, its sparse, hard-to-capture beauty, complains she’s come all this way to paint al fresco, but the mosquitoes have driven her inside, no matter the netting on her hat, her cuffed sleeves and pants, a heavy dose of Deet. They bite through everything. And she tries to snap a picture, a breathy handkerchief of mosquitoes flutters over the lens. What can I do? She moans, trapped in a dull and narrow room, thinking of booking a ticket back to her studio in Vancouver. Paint the mosquitoes, god replies.

 

From God of Shadows, 2018,
McClelland & Stewart
 

 

Dieu de l'acceptation

 

La paysagiste de la colonie d’artistes installée dans une région connue pour sa lumière messianique, sa beauté éparse et difficile à saisir, se plaint d’être venue jusqu’ici afin de peindre en plein air pour se voir refoulée à l’intérieur par les moustiques ; peu importe le tulle recouvrant son chapeau, ses poignets boutonnés, son pantalon, ainsi qu’une lourde dose de lotion répulsive. Ils percent tout. Et quand elle essaie de prendre une photo, un voile ronflant volète au-dessus de l’objectif. Que puis-je faire ? se lamente-t-elle, prise au piège dans une pièce étroite et maussade, songeant à réserver un billet de retour afin de retrouver son atelier de Vancouver. Peins les moustiques, réplique le dieu.

 

Extrait de God of Shadows, 2018,
McClelland & Stewart

 

 

 

Onions

 

The onion loves the onion.

It hugs its many layers,

saying, O, O, O,

each vowel mediumer

than the last.

Some say it has no heart.

It doesn't need one.

It surrounds itself,

feels whole. Primordial.

First among vegetables.

If Eve had bitten it

instead of the apple,

how different

Paradise.

 

From Sex Lives of Vegetables.

 
 

Oignons

 

L’oignon aime l’oignon.

Il enlace ses différentes couches,

faisant : O, O, O,

chaque voyelle plus petite

que la précédente.  

D’aucuns disent qu’il n’a pas de cœur.

Il n’en a pas besoin.

Il s’entoure lui-même,

se sent entier. Primaire. 

Premier parmi les légumes.  

Si Ève l’avait croqué

 au lieu de la pomme,

quel Paradis

différent.

 

Extrait de Sex Lives of Vegetables.

 

Traduction de l'anglais (Canada) Jean-Marcel Morlat

 

 

Ce site protégé par Copyright est une production

éditions VIGDOR
 Paris-France


 Toute utilisation, reproduction, diffusion, publication ou transmission du contenu du présent site

doit citer l'éditeur et l'auteur et inclure explicitement le lien http://www.recit-page.fr