Amos Oz

Amos

OZ

 

 
 

 

 texte  proposé par ARAD

 

 Adagio

 

Du matin au soir brille au-dehors une lumière qui n'a aucune idée qu'elle est lumière.

Les grands arbres qui absorbent le silence n'ont nul besoin de découvrir

ce qui constitue l'essence intrinsèque du bois. Des steppes incultes

s'étendent indéfiniment sur le dos sans réfléchir à ce que leur vacuité a de pathétique.

Les sables mouvants se déplacent sans

demander où, jusqu'à quand et pourquoi. Toutes ces merveilles sont merveilleuses,

mais ne s'émerveillent pas. La lune rouge qui émerge, semblable à un œil exorbité

qui roussit l'obscurité du ciel, ne s'étonne pas de sa propre désolation. Un chat

somnole sur un mur. Il somnole et respire. Sans plus. Chaque nuit, le vent

souffle en tourbillonnant sur les forêts et les collines. Il tourbillonne continuellement.

Il souffle. Sans réfléchir et sans protester. Toi seul, poussière et humeurs,

tu écris et effaces toute la nuit en cherchant une raison, une manière de rectifier. 

 

Extrait du roman Seule la mer, Paris, Gallimard, 2002

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn

Informations supplémentaires